Journée du souvenir des victimes de la déportation

du dimanche 25 avril 2021

Ce printemps 2021 devait être le printemps en hommage à Claude Vigée. Il aurait eu 100 ans le 4 janvier. Il a eu dû quitter avec regret et amertume Bischwiller, la terre de son enfance qu’il aimait tant, pour sauver sa vie, devenir un citoyen du monde et garder son esprit libre des affres du nazisme. C’était un système politique conçu pour l’exclusion, pour le racisme, par une folle volonté de détruire l’autre parce qu’il a sa propre vision du monde, qu’il observe des rites ou des pratiques qui lui sont propres. Nous pensions que le nazisme avait disparu avec la libération. Mais l’histoire récente nous montre la dure réalité de la persistance des crimes d’État contre l’humanité, les khmers rouges, le Rwanda, les ouighours en Chine, les musulmans au Sri Lanka, les migrations massives pour fuir la pauvreté, la soumission, la brutalité…

En ce jour de mémoire, nous nous obligeons vis à vis de tous ceux qui ont souffert et qui souffrent encore en raison de leur origine, de leur Foi, de leur attachement à ce qu’ils sont, leurs valeurs, leurs coutumes, leur art de vivre.  Le peuple juif est le symbole de ces persécutions de tout temps depuis qu’il existe. La grandeur de l’État contemporain se trouve dans la lutte contre toutes les exclusions. La République se justifie par l’ancrage de ses valeurs fondamentales  dans les principes d’égalité et de fraternité. L’État doit garantir à chacun la liberté de croire, de penser selon ses propres aspirations et convictions. Le respect de l’autre en tant qu’être humain, avec toute sa richesse, culturelle et religieuse, peut-être aussi agnostique pour d’autres, est le socle de notre vie en société. Nous ne pouvons pas vivre ensemble en société si nous n’accordons le respect inconditionnel à notre prochain. C’est le sens de la laïcité : chacun est libre de ses croyances et de ses convictions dans le respect mutuel et réciproque de l’autre. Rien dans nos différences ne peut justifier qu’on porte atteinte à la vie ou à l’esprit d’un être vivant.

Commémorer la shoah c’est se souvenir que la vie en société se construit sur la fraternité et le respect de notre prochain. Comme dirait François : Fratelli tutti

Jean-Lucien Netzer

Maire de Bischwiller.