Journée du souvenir des victimes de la déportation

du vendredi 22 avril 2022

La cérémonie commémorative organisée à l’occasion de la journée du souvenir des victimes de la déportation s’est déroulée au Monument aux Morts, le jeudi 21 avril à 11h, en présence du Maire de Bischwiller Jean-Lucien Netzer, du député Vincent Thiébaut, du sénateur Claude Kern et du président du Consistoire israélite du Bas-Rhin Maurice Dahan.

Discours de Jean-Lucien Netzer, Maire de Bischwiller

L’idéologie nazie s’est nourrie d’une doctrine barbare, qu’elle a su entretenir de façon perverse dans le but d’aliéner, de détruire d’exterminer tous ceux qui ne répondaient pas à la conception funeste du monde hitlérien. Volonté de dominer, d’annihiler, tout ce qui ne correspond pas à la vision dogmatique de l’hégémonie et de la domination. Aujourd’hui, nous avons ce droit de nous incliner devant tous ceux qui ont soufferts de la barbarie.

Déportés, internés, des femmes et des hommes qui ne s’étaient rendu coupable d’aucun crime, ils n’aspiraient qu’à vivre en paix, libres de leur foi, libre de leurs sentiments, reconnus malgré leur handicap, respectés dans leur vie sentimentale. Ceux qui faisant honneur à la d

ignité de l’homme, en voulant résister et s’opposer, étaient menacés du même traitement.

Unis dans la même détresse, accablés par les mêmes souffrances, ils sont juifs, tsiganes, gaullistes, francs-maçons, homosexuels, résistants, républicains espagnols, opposants politiques, otages, ou communistes.

Marqués dans leur chair et dans leur esprit, pour le funeste dessein d’être exclus et éliminés d’une société répondant à une idéologie bestiale.

Leur rendre hommage aujourd’hui c’est nous souvenir pour ne pas laisser tomber dans l’oubli leur souffrance, leur terreur, les humiliations. Les témoins de ces vies deviennent de plus en plus rares.

Ne pas oublier tous ceux qui, dans ce contexte de haine, ont su préserver la dignité humaine. Les justes ceux qui ont risqués leur vie pour sauver, aider, soutenir, apporter un peu de réconfort aux opprimés.

C’est une réalité qui doit nous faire réfléchir et nous placer face à nos responsabilités. Femmes et hommes engagés dans la cité il nous appartient de contribuer par notre engagement, nos actions à l’universalisme. Celui qui veut réunir tous les êtres humains sans exception, en créant un lien indissociable entre tous les hommes.

Une telle conception de la fraternité se trouve en opposition permanente avec la cause première de tous les déchirements, source de conflits : la perte de confiance dans l’avenir et le doute quant à la contribution de chacun à la construction d’un monde meilleur. Si nous perdons cette confiance, si l’indifférence l’emporte sur la considération de l’autre comme notre égal, la montée des dogmatismes, des idéologies terroristes et l’allégeance à toutes les formes de complotisme, de négationnisme, de haine en sont les conséquences funestes et inéluctables. Des esprits malveillants sont happés par une croyance folle pour devenir les instruments d’un engrenage meurtrier. Tous les jours nous le constatons, la guerre est une guerre de l’information dont le but est d’affaiblir notre capacité de jugement et de révolte contre l’inexcusable. Il en fut déjà comme cela il y a 80 ans.
Nous vivons une époque qui à plus d’un titre nous oblige à nous interroger. Une époque marquée par des actes antisémites, et racistes, par des attaques homophobes qui se multiplient et des discriminations toujours plus nombreuses. Aujourd’hui, la guerre sur notre continent, aux portes de l’Europe démocratique. Rien ne peut justifier cette guerre absurde. Alors que nos pères s’étaient battus ensemble pour anéantir le monstre fasciste, nous nous sommes progressivement éloignés de cet idéal. Nous ne nous comprenons plus, nous avons perdu la conscience de notre destin commun, celui du progrès et de l’entraide. La source du conflit est une no

uvelle fois l’orgueil de la domination, cette fois-ci territoriale. La soif du pouvoir qui se construit sur le contrôle des ressources minières et alimentaires. Ce que nous voyons n’est que la partie émergée d’un projet plus prétentieux, vertigineux dans sa mégalomanie, la domination de la planète.

Face à cette situation, plus que jamais nous devons faire preuve de rigueur morale, d’esprit de responsabilité et ne pas oublier les enseignements de l’histoire. Nous pouvons aussi nous ressourcer dans l’espoir né de l’engagement collectif pour soutenir, aider dans un même élan de fraternité.
C’est ce qui nous permet de vivre ensemble au-delà de nos différences, celle qui nous réunit avec les mêmes droits et les mêmes devoirs, en privilégiant ce qui nous uni. Le partage de la terre, l’adhésion à des valeurs humanistes, de respect et de considération de l’autre.
C’est à chacun de nous, dans nos responsabilités respectives, en tout endroit de nos vies, qu’elles soient familiales, professionnelles, sociales et même politiques de faire vivre les valeurs sur lesquelles se fondent notre vie en société.

Liberté, égalité, fraternité depuis plus deux siècles c’est ce triptyque qui soude notre pays, qui lui permet de faire face à toutes les épreuves, c’est encore celui qui doit éclairer notre engagement collectif.

Mesdames et Messieurs, en ce jour où nous nous retrouvons pour commémorer la mémoire de ces femmes, de ces hommes et de ces enfants qui ont vécu et sont morts de souffrances insurmontables, inspirons-nous de leur force, de leur dignité, faisons vivre leur mémoire…

C’est notre devoir collectif, notre devoir envers ces millions de victimes, c’est notre devoir envers les victimes enfants de Bischwiller. C’est aussi un devoir envers les générations futures qui après nous, porteront la flamme du vivre ensemble, du respect et de la tolérance.