Journée du souvenir des victimes de la déportation

du lundi 08 mai 2023

La cérémonie commémorative organisée à l’occasion de la journée du souvenir des victimes de la déportation s’est déroulée au Monument aux Morts, le dimanche 30 avril à 11h, en présence du Maire de Bischwiller Jean-Lucien Netzer, du représentant parlementaire du député Vincent Thiébaut, du sénateur et conseiller régional Claude Kern, de la conseillère d’Alsace du canton de Bischwiller Christelle Issele, du rabbin Robert Coriat.

Discours de Jean-Lucien Netzer, Maire de Bischwiller

Mesdames et messieurs, cette commémoration est l’occasion de se rappeler la souffrance atroce, endurée par ces hommes, ces femmes et ces enfants, exterminés et persécutés pour ce qu’ils étaient, persécutés pour ce qu’ils pensaient, dépouillés de tout ce qui fonde leur identité.

Que ce jour du souvenir soit utile au réveil des consciences pour le présent et pour l’avenir.

En cet instant, nous sommes là pour nous souvenir de celles et ceux qui ne sont pas revenus ou qui ont survécu à l’enfer des camps. Ils sont restés à tout jamais meurtris, blessés, marqués dans leur chair et réduits à un matricule gravé sur leur peau.

A Bischwiller ces noms inscrits sur le monument aux morts les Strauss, Hertzog, Blum, Weil, Weinberg, Bauer, Uhry et bien d’autres nous rappellent  toutes ces femmes et tous ces hommes arrachés à la vie, tous désignés, fichés, étoilés, déportés, gazés, brûlés .

Bischwiller dont deux Maires, le premier Eugène Prévôt assassiné dans la forêt de Soufflenheim et le second Louis Loeffler a connu les affres de la déportation.

Pour la France, il y a eu près de 83 000 qui ont subi le même sort pour motifs raciaux et religieux, dont 76 000 Juifs déportés, seuls 2 000 d’entre eux reviendront. 93 500 déportés politiques qui se sont engagés pour défendre les valeurs fondamentales et la dignité de l’Homme, près de 32 000 d’entre eux sont morts. Plus de 45 000 résistants et patriotes détenus et torturés, près de la moitié d’entre eux a été exterminée.

Les camps de concentration, créés dès 1933 lors de l’arrivée au pouvoir d’Hitler avaient un objectif : mettre les opposants hors d’état de nuire, aliéner l’individu en le conditionnant par les coups, l’abrutissement, l’avilissement, pour transformer son esprit. Illustration de l’odieuse folie meurtrière nazie.

Ces tortures, ces assassinats ont endeuillé à jamais l’histoire de l’humanité.

Aujourd’hui nous rendons un égal hommage à ces victimes et à toutes celles et tous ceux qui n’ont eu de cesse de se battre contre le dogmatisme national-socialiste et pour écraser la « bête immonde ». Ils représentent la grandeur de l’humanité et lui redonnent l’espoir. Parmi eux les justes qui ont été reconnu par le peuple d’israël pour avoir sauvé ceux et celles qui n’avaient d’autre avenir que la mort.

Nous leur sommes obligé d’avoir permis de maintenir vivantes les valeurs de la République, de justice et de respect du prochain, de liberté, d’égalité et de fraternité.

Aujourd’hui, le souvenir de ces périodes douloureuses mais aussi d’espoir engendré par les combattants contre le totalitarisme, nous rappelle qu’aucune dérive, aucune faiblesse n’est acceptable. Nous savons que rien n’est banal ni anodin. Nous savons comment l’horreur fait ses premiers pas. La remise en cause des équilibres politiques, institutionnels et judiciaires n’est pas acceptable fragilise notre vie en commun.

C’est pourquoi, il faut répéter que les camps de concentration et leurs millions de morts ne sont ni un simple dérapage, ni des faits de guerre mais qu’ils sont la vile conséquence, inévitable et mécanique de l’idéologie de haine et d’exclusion qui constitue l’essence même du dogmatisme nazi et fasciste. La soumission à l’instinct du pouvoir a créé les mêmes atrocités après la seconde guerre mondiale, avec les mêmes exactions, torture, déportation incarcération, dont le conséquences marquent encore nos conditions de vie et d’existence contemporaine. La guerre aux portes de l’Europe, mais aussi dans d’autres régions du monde trouvent leur origine dans la même volonté de domination, d’humiliation.

Il faut donc, sans relâche, répéter que cette célébration n’est pas uniquement tournée vers l’Histoire et la mémoire, mais bien vers notre présent et notre avenir. Aujourd’hui l’histoire nous rattrape, guerre fratricide aux portes de l’Europe, nous menace d’une extermination de masse par des armes d’une puissance inquiétante, et bouleverse des équilibres géopolitiques.

Le danger est bel et bien là. Parce que, certains cherchent à le banaliser, à le rendre acceptable, en spéculant sur la colère qui, elle, est bien légitime en essayant de capitaliser sur le désespoir qui mine des millions de familles, de salariés de retraités, de chômeurs et de jeunes.

L’histoire nous a si cruellement appris qu’on ne joue pas les apprentis-sorciers impunément et qu’on ne peut pas prendre le risque d’ouvrir la boîte de Pandore sans en voir surgir en cascade les fléaux qu’elle contient.

Cependant je veux terminer sur des notes d’espoir, parce que je crois dans les forces du bien et dans l’homme. La France a toujours su relever la tête, s’unir, et défendre les idéaux républicains.

Continuer à penser, s’interroger sur soi, sur ses actes, sur la justice, est la condition pour ne pas sombrer dans cette banalité du mal.

Si nous ne devons pas oublier les horreurs, commises par certains, nous devons aussi nous souvenir de cette capacité à s’indigner, à se révolter, à se rebeller, à lutter contre les injustices, contre la négation de l’être humain et ce, même, dans les conditions les plus insupportables.

La lutte contre l’oubli, l’ignorance, la haine et le racisme reste aujourd’hui l’un des combats les plus nécessaires et les plus justes. A nous de faire en sorte que les femmes et les hommes consacrent leurs forces à l’édification d’une société et d’un monde de justice, de fraternité, de paix et de solidarité.

Que ce jour du souvenir soit utile au réveil des consciences pour le présent et pour l’avenir.

Des consciences que le poète Paul Eluard, interpellait, en écrivant à propos des déportés du nazisme :

« Si l’écho de leur voix faiblit, nous périrons ! »