Souvenir des victimes de la déportation 2020 à Bischwiller
du dimanche 26 avril 2020
Il y a 75 ans tous les camps de concentration nazis n’étaient pas encore libérés. Ce n’est que le 4 mai 1945, que Mauthausen sera libéré, le dernier d’une trop longue liste de camps de concentration nazis répartis, entre la France et la Pologne. Les premiers camps furent libérés dès l’été 1944, par l’armée rouge, ce n’était que le début d’une longue liste :
- Majdanek, près de Lublin, en Pologne, en juillet 1944.
- Belzec, Sobibor et Treblinka durant l’été 1944
- Auschwitz, le plus grand camp d’extermination et de concentration, le 26 janvier 1945,
- les camps principaux de Stutthof, de Sachsenhausen et de Ravensbrück furent libérés dans les mois suivants, peu avant la capitulation allemande.
- Buchenwald, situé près de Weimar, en Allemagne,
- Dora-Mittelbau, de Flossenbürg, de Dachau et de Mauthausen
furent libérés par les troupes américaines, début 1945.
Les troupes britanniques libérèrent des camps en Allemagne du Nord, parmi lesquels ceux de Neuengamme et de Bergen-Belsen.
Tout près de chez nous, le Struthof, en Alsace, a été libéré en novembre 1944, lors de l’avancée des armées américaines et de la première armée française du général de Lattre de Tassigny.
« Nous savions. Le monde en avait entendu parler. Mais jusqu’à présent aucun d’entre nous n’avait vu. C’est comme si nous avions enfin pénétré à l’intérieur même des replis de ce cœur malfaisant. »
Telle fut la réaction de Meyer Levin, ce journaliste américain, reporter de guerre, qui accompagnait l’armée américaine, le 11 avril 1945, quelques jours après qu’il ait été évacué par les Allemands.
Le jour de la libération, une organisation de résistance clandestine de prisonniers prit le contrôle de Buchenwald pour empêcher les gardes du camp de commettre des atrocités. Les troupes américaines libérèrent plus de 20 000 prisonniers à Buchenwald.
Les nazis avaient scrupuleusement tenté de faire disparaître les preuves de leur horreur. Ils tentèrent de dissimuler les preuves du meurtre de masse, en démolissant les infrastructures d’assassinat. Les nazis avaient emmené la majorité des détenus dans des marches de la mort, et, quand ils pénétrèrent dans le camp, les soldats soviétiques ne trouvèrent plus que quelques milliers de prisonniers. Avant de fuir, les Allemands avaient détruit la plupart des entrepôts des camps, mais dans ceux qui restaient, les soldats trouvèrent les effets personnels des victimes. Ils découvrirent, des centaines de milliers de costumes d’homme, plus de 800 000 vêtements de femme, et plus de 7 000 kg de cheveux humains. Mais les Nazis avaient détruits les fours crématoires. De nombreuses preuves du meurtre de masse existaient toutefois encore à Auschwitz.
Lors de notre visite de signature de la convention de jumelage avec Zgierz, nous avons eu l’honneur de nous recueillir dans le cimetière juif de Łódź. 45 000 tombes de morts tués dans la période du ghetto vous saisissent au plus profond de vous-même et vous met devant cette question sans réponse : « pourquoi ? ».
L’horreur de ces camps de la mort nous montre la fragilité des hommes. Je veux parler de cette fragilité mentale qui l’envoûte, le conduisant à la négation de l’autre, et le pousse à des entreprises de malheur, de destruction et de mort. Actes de terreur que la dignité humaine condamne et qui échappent à l’entendement.
Depuis nous avons construit une Europe de Paix, avec l’Allemagne. Nous avons réaffirmé notre considération au peuple juif, nous avons érigé le respect et la tolérance comme valeurs fondamentales de notre vie en société.
Ce jour de commémoration annuelle du souvenir et de la mémoire, nous place face à ces horreurs. Chaque année nous nous rappelons des malheurs qui nous ont frappés. Nous pensons à ceux qui sont morts et ont souffert dans leur chair et dans leur âme, martyrisés par des bourreaux abjectes. Nous pensons à vous, opposants politiques au régime nazi, Juifs, Tziganes, Témoins de Jéhovah, homosexuels, handicapés, criminels mêmes et vagabonds, qui avez été humiliés, torturés, assassinés ; vous, martyrs de l’arrogance humaine et de l’orgueil.
Ensemble recueillons-nous.